Maraudeur d'étoiles que crible le sas du temps qui passe
mon gousset est plein de ces pièces d'argent, de ces galets
tout ronds qu'à la face de la nuit mes rêves prolongent et lancent en long chapelet de flamme et de bombes mugissantes.

Pourquoi cette urgence d'écrire encore avec le sang des gosses
des miens, des tiens, des leurs, de ceux de notre temps
à cette paix qui s'envole de colombes mutilées par un faucon
accrochant à leurs ailes un empire de feu et d'images obsédantes ?

Pourquoi cette urgence de s'écrier encore avec les larmes des mères à leurs fils mutilés déjà par tant de haine et de poings levés
ne sachant plus très bien qui de Dieu ou de Diable huile les rouages ?

Pourquoi cette urgence d'embaumer avec l'encens des cieux
ce que chacun appelle dans son délire crématoire, vengeance,
alors qu' oliviers et dogmes en cendre dispersée n'ont plus que les vautours pour donner au désert l'infime graine d'amour qui le fera renaître ?

Faut-il casser un peu plus les corolles fragiles de ces aubes fraternelles en filigranes encore accrochées aux lèvres qui s'entrouvraient et qui en longs cortèges donnaient de leur jeunesse à une paix nouvelle ?

Pauvre peuple qui sous les bombes qui vont garrotter ton coeur
devra accepter ta défaite quelque soit ta douleur,
te contenteras-tu de ces humanitaires qui sur les cendres brûlantes
de tes enfants, de tes femmes, de tes fils aura à lutter encore ?

Qui te donnera l'illusion de vivre un semblant de paix avec ces envahisseurs, avec ces marchands du temple qui sans décence changeront leurs fusils contre des barils dont ils gazeront leurs propres enfants ?

Parmi les lances pierres qui aux lances flammes encore feront face
David contre Goliath aura changé de camp et remisant sa fronde avec l'orphelin et la veuve ils feront face à ces feux de partout allumés et décocheront au ciel leur ultime galet celui de leur enfance à leur rêve de paix, accroché.

Henri Boutet
15 mars 2003




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